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Le 20 avril 2010, l’accident de la plate-forme pétrolière Deepwater horizon répandit 200 millions de galons de pétrole brut au large du Golfe du Mexique pendant les 87 jours qui seront nécessaires à boucher la fuite.

Lorsqu’un entreprise souhaite utiliser l’open-innovation pour résoudre un problème ou une crise elle le fait souvent en 3 étapes :

1 L’entreprise contacte une entreprise spécialisée en Open Innovation genre Innocentive en proposant un prix (10 millions ont été proposés par Xprize  qui fait appel au don pour financer la recherche disruptive et 1 million par le Time.
2 Le responsable du projet ramène ensuite le rapport synthétisant les idées qui ont été fournies par la communauté au prix par page et trouve cela trop cher.
3 Finalement l’entreprise décide de lancer son propre site de collecte d’idées car après tout…s’il suffit d’un site internet pour ça, pourquoi se priver ?
C’est ainsi que BP – sur l’exemple de ce qui avait été fait lors de la catastrophe de l’Exxon Valdez en 1989 – lança rapidement son propre site de collecte d’idée Deepwtarehorizonresponse.com (aujourd’hui fermé). En parallèle, plusieurs journaux comme The Guardian ou la BBC US & Canada  lancèrent  leurs propres collectes d’idées pour boucher cette foutue fuite située à 1500 mètres de profondeur.
Dans les semaines suivantes, des inventeurs, des scientifiques, une star du cinéma (Kevin Costner et sa centrifugeuse pour séparer le pétrole de l’eau) mails surtout des citoyens concernés – âgés de 9 à 90 ans – donnèrent leurs idées pour colmater la fuite. C’est un département rassemblé pour l’occasion  « le Deepwater Horizon Unified Command » qui traitait ensuite les idées. Et des idées il y en avait ! Selon USA Today,  le site reçu 123 000 idées. 80 000 suggestions liées au bouchage de la fuite et 43 000 pour nettoyer le pétrole.
Si nous nous arrêtions là, nous pourrions dire que l’opération apparaît a été un un vrai succès : BP a été capable de rassembler de nombreuses idées pour l’aider à gérer le désastre. Et pour une entreprise qui allait faire face à plusieurs milliards de dollars de nettoyage et à une image ternie pour longtemps, faire participer le public à l’identification d’une solution  a sans doute été la meilleure stratégie. Mais voilà, sur 123 000 idées, moins d’une centaines ont été jugées « intéressantes » et 12 ont été testées.
Cette stratégie par volume répond à l’une des règles de base de l’organisation de Brainstorming : on ne juge pas une idée à postériori, c’est le volume qui compte ! Mais 123 000 idées ? Réfléchissez aux ressources nécessaires pour répondre à cette avalanche d’idées.
Considérez combien de personnes seraient nécessaires pour évaluer chaque idée et répondre à chaque émetteur d’idée qui attend sans doute un retour sur son idée…? En admettant que l’on étudie chaque idée cinq minute, avec des semaines de travail à l’américaine de 40 heures, cela représenterait…5 ans !
Avec une telle stratégie de l’innovation, trouver des idées utiles dans la quantité revient à trouver une aiguille dans une botte d’aiguilles en étant nu et dans le noir…