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Mettre en place une culture d’innovation dans son entreprise est le Saint Graal de beaucoup de dirigeants, pour ne pas dire un fantasme. Ahhh…, être le patron d’une entreprise innovante…

Pourtant, ces mêmes dirigeants sont les premiers – pris par le poids du passé, le tumulte quotidien et l’incertitude du lendemain – à préférer améliorer un produit qui fonctionne que de prendre le risque d’explorer de nouvelles possibilités. Pas le temps, pas d’argent, pas prioritaire… Bref, vous connaissez la chanson. 

Et même s’ils savent qu’une entreprise qui n’innove pas est aussi condamnée qu’un collaborateur qui ne se forme pas, ces dirigeants brandissent la difficulté de mettre en place cette culture de l’innovation. En admettant que ce ne soit pas une mode de consultant, comment faire bouger sa culture ? Par quel bout le prendre quand l’entreprise risque de remettre à plat ses valeurs, ses modes d’organisation, ses process et son style de management pour une issue incertaine ? 

“Le poids du passé, le tumulte quotidien et l’incertitude du lendemain empêchent l’innovation !”

Un premier élément de réponse : développer une culture de l’innovation est un process long dont la mise en place dépend du passé de votre entreprise, de vos valeurs de dirigeant, de votre secteur d’activité, de votre ouverture aux technologies de l’information… En un seul mot, la réponse dépend de vous ! Il y a cependant 5 étapes incontournables par lesquelles vous devez passer pour transformer votre culture et rester collé aux réalités de votre entreprise. 

1 – Créez votre définition de l’innovation

Pour éviter de chasser des moulins à vent et de vous lancer dans un process détaché de la réalité de votre entreprise, vous devez déjà clairement définir ce qu’est l’innovation pour vous. Derrière la compréhension de l’innovation se cachent des pratiques, des valeurs et des cultures très différentes d’une entreprise à l’autre. Ne vous laisser pas avoir par une mode actuelle autour du mot d’innovation, réduite à une approche technologique, soudaine et sécurisée.

“L’innovation est brandie comme une injonction dogmatique de l’entrepreunariat dont le concept est aussi flou que l’agilité !”

Comme décrit dans un article précédent, vous devez commencer  par formuler clairement vos valeurs, pratiques et culture d’entreprise. Pourquoi êtes-vous “Vous” et personne d’autre ?

Ensuite pour pourrez en déduire le style d’innovation avec lequel vous êtes le plus aligné parmi l’amélioration, la cross-polination, la disruption, etc.

definition innovation 

2 – Donnez le droit à l’erreur

Pour les citations faciles, nous pourrions citer un certain Albert Einstein : « Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a jamais tenté d’innover ». Nous pourrions aussi citer Tom Peters : ” Si vous n’avez pas échoué, vous n’avez pas réussi !”.  Oui, qui dit innovation, dit exploration, tentative, prise de risque et sans doute erreur ! Sans ces éléments, ce n’est pas une innovation, c’est une amélioration !

Pour faire émerger de nouvelles pratiques, il faut tenter de nouvelles solutions. Pour cela, il faut être ouvert à la possibilité que vos collaborateurs fassent des erreurs. Il faut donc accepter l’échec et s’en servir pour rebondir.

“Récompenser les erreurs courageuses et punissez les réussites sans ambition!”

Encouragez vos collaborateurs à essayer de nouvelles  idées doit avoir deux préalables : ne pas sanctionner ses collaborateurs en cas d’échecs; les soutenir et tirer les leçons de chaque erreur le plus rapidement possible pour que la prochaine erreur soit une erreur nouvelle.

Nous avons bien précisés erreur, pas connerie ! Pour reconnaitre une connerie d’une erreur – c’est facile – il y a une formule mathématique : 1 connerie = 2 fois la même erreur. En d’autres mots, une erreur est unique et ne doit jamais se reproduire car elle sera (rapidement) identifiée, analysée et partagée afin d’en tirer tous les enseignements possibles.

autoriser l'erreur 

3- Créez une place de marché des idées

80% des idées en entreprise viennent des équipes sur le terrain. Si certaines de ces idées sont utilisables !

C’est bien connu les bonnes idées ne viennent pas toutes seules. Pour les faire tomber, il ne s’agit pas de secouer le pommier et d’attendre qu’une jolie pomme vienne percuter votre cuir chevelu illuminant votre vision de petites ampoules et de petites étoiles. Il faut créer les bonnes conditions : libérez la parole !  Echanger, converser, discuter…Mais pour éviter le big bazar des mille idées à la seconde qui ne trouveront jamais leur lendemain…il faut administrer et coordonner tout ceci.

Que ce soit chez Orange avec IDClick ou  Google avec GoogleIdea, les idées sont répertoriées, partagées, éventuellement appliquées et parfois même…récompensées.

Comme le raconte Steve Johnson dans son cultissime Ted Talk (lien dans les ressources en bas de l’article), la plupart des idées naissent dans un état embryonnaire – des intuitions incomplètes si vous préférez – hunch en anglais. Pour qu’une idée murisse, devienne complète et dépasse le stade de la machine à café, il faut la confronter à celles des autres !

C’est pour cela qu’il faut idéalement créer les conditions d’une place de marché d’idées en favorisant le partage des idées et leur formulation et classification. Que ce soit en formant des groupes de réflexion, aménageant des moments de réflexion, en mixant les services, en invitant des experts externes… En clair, éviter les grands brainstormings et favoriser la naissance et le partage collectif d’idées individuelles. Les idées naissent dans notre cerveau mais pour qu’elles deviennent géniales elles doivent faire l’objet d’échanges dans lesquels chacun peut les challenger, les complèter ou les réfuter.  

place de marchée idées 

4- Laissez du temps pour le temps d’innovation et d’invention

On ne va pas vous citer l’exemple hyper connu de Google – imitant 3M qui imitait-Bell Telecom qui imitait ….- qui offre aux ingénieurs du temps pour travailler sur leurs propres idées. De nombreuses start-up ont  d’ailleurs adapté cette organisation à leur tour et allouent 20% du temps de travail aux recherches personnelles pour permettre aux développeurs et concepteurs de travailler leurs propres idées.

Quoi de plus sympathique qu’une entreprise qui s’engage à vous laisser 20 % de votre temps pour développer vos propres projets ? Les thèmes développés sont au final toujours en rapport avec votre entreprise. En plus, cette règle n’est pas sans effet sur la productivité : elle incite les ingénieurs à travailler plus rapidement pour pouvoir dégager ce temps de création personnelle, sachant, naturellement, que des mécanismes de contrôle de la qualité du travail évitent qu’ils ne le bâclent. Par contre attention au climat social de votre entreprise qui détermine directement la motivation à jouer le jeu et partager avec vous les idées qui auront été trouvées durant ce temps de réflexion….

 

temps innovation 

5- Faites confiance

Cette étape résume à elle seule les 4 points précédents !  De la confiance viendra l’état d’esprit source d’innovation.
Pour Francis Boyer de Dynesens et GénérationS, la confiance peut se créer/retrouver/renforcer en  supprimant les hiérarchies et en incitant vos collaborateurs à participer en tant qu’individus . En supprimant l’idée de hiérarchie – même pendant une période précise – vous ouvrez les barrières qui peuvent empêcher les conversations entre personnes de profils différents. 

La confiance peut aussi s’améliorer en tenant mieux informés les salariés de ce qu’adviennent les idées qu’ils ont émis. N’attendons-nous pas  d’être tous impliqués dans les idées que l’on partage et être reconnu (et pourquoi pas récompensé) comme étant à l’origine d’une idée innovante qui aura été appliquée.  

Des systèmes d’informations peuvent également être mis en place afin de renforcer la culture de l’échange et créer plus de proximité. Chaque collaborateur peut exprimer ses doutes à travers par exemple un forum interne, soumettre une idée, poser des questions de tout ordre directement à la direction, qui y répond. 
Certaines réunions importantes, par exemple une rencontre entre les PDG des principales entreprises clientes et la direction, sont retransmises en direct en interne.

confiance innovation 

 

Attention à ne pas brandir l’innovation comme une vertu alors qu’il s’agit d’une démarche !

En forme de conclusion – ou d’épitaphe –  il n’est peut-être pas inutile de revenir sur le fait qu’une entreprise ne doit pas chercher à être innovante…pour être innovante. Dans son livre “Delivering Happiness : A Path to Profits, Passion, and Purpose”  Tony Hsieh  le PDG de Zappos  ne parle jamais d’innovation ! Pour lui, l’innovation est une simple démonstration de sa culture d’entreprise

Ce qui nous rappelle que l’on découvre qu’une pratique est  innovante à postériori car elle sert une vision et atteint des objectifs. Une idée nouvelle et audacieuse qui a échouée est rarement qualifiée d’innovante. On dira plutôt quelque chose du genre : “C’était trop tôt !”